La spécialité ‘Biologie Médicale’ perd du galon dans le cœur des jeunes médecins

Crise des vocations

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Le Syndicat des Jeunes Biologistes Médicaux (SJBM) s'interroge quant à la responsabilité du nouveau contexte réglementaire sur la perte d’attractivité de la spécialité de biologie médicale pour les étudiants en médecine.

Par Steven DIAI, publié le 06 novembre 2013

La spécialité ‘Biologie Médicale’ perd du galon dans le cœur des jeunes médecins

« En 2008, la biologie médicale pouvait se prévaloir d’appartenir aux spécialités les plus attractives pour les jeunes médecins », déclare le SJBM dans un communiqué diffusé le 5 novembre 2013. Alors que les contours de l’Ordonnance portant réforme de la biologie médicale se dessinaient, « le dernier poste en Biologie Médicale était pris au rang 2895 du numerus clausus, soit dans la première moitié des étudiants classés à l’ECN », précise le syndicat. Depuis, le rang limite du dernier poste disponible n’a eu de cesse de reculer pour parvenir cette année, au rang 7490 du numerus clausus sur un total de 7820 postes).

Le SJBM juge la désaffection croissante pour la biologie médicale « préoccupante pour l’avenir du diagnostic médical » et souhaite alerter les Ministères des Affaires sociale et de la Santé, et de l’Enseignement supérieur sur ce point. « L’Ordonnance du 13 janvier 2010 qui prônait une médicalisation a eu l’effet inverse : la concentration et financiarisation des laboratoires, pour ne pas dire l’industrialisation de la profession a littéralement fait fuir les jeunes médecins, qui désertent à présent la spécialité », explique le SJBM.

La responsabilité de la réforme

« La bataille législative autour des nominations de praticiens non issus du DES de biologie médicale à des postes de biologistes médicaux hospitalo-universitaires a profondément meurtri la jeune génération de biologistes médicaux », indique le syndicat. En théorie, toutes les spécialités médicales peuvent dès lors prétendre à devenir biologiste médical sans avoir de DES dans cette spécialité. « Un non-sens parfait », selon le SJBM qui voyait dans la réforme un vecteur « d’harmonisation et d’excellence de la biologie médicale française ».

Au niveau libéral, les jeunes biologistes se heurtent à « la précarité des emplois en travailleurs non-salariés », mais aussi à la « déconnection des trois phases de l’examen de biologie médicale qui, associée à une forte concentration des laboratoires conduit à une perte progressive du savoir-faire acquis au terme d’un internat de quatre ans », ainsi qu’à la « financiarisation croissante du secteur annihilant toute perspective d’accéder à un poste d’associé ». Le SJBM rappelle pourtant que la direction d’un LBM par un médecin ou un pharmacien biologiste est « une garantie de qualité et d’éthique » du fait que l’intérêt premier d’un dirigeant issu de disciplines médicales ou pharmaceutiques sera toujours davantage axé sur le bien-être de ses patients que sur toute considération de rentabilité.

Des propositions pour rendre son attractivité à cette spécialité

S’appuyant sur un sondage de ses adhérents, le SJBM a formulé un panel de propositions « afin de donner à la biologie médicale toutes les chances de reconquérir le cœur des jeunes médecins. »
Parmi les propositions figurent les mesures suivantes :
– Maintien de la qualification du DES de biologie médicale
– Nominations hospitalières en biologie médicale en adéquation avec le numerus clausus (NC) décrété
– Préservation du modèle praticien de la biologie médicale via l’arrêt des baisses de nomenclature.
– Instauration de mesures fiscales favorisant la transmission du capital des laboratoires aux jeunes biologistes
– Encadrement strict du statut TNS ultra minoritaire, afin de permettre leur requalification en contrats salariés lorsque la situation l’exige et/ou favoriser une véritable association sous la forme de TNS non ultra-minoritaire
– Adaptation de la norme ISO15189 à la pratique médicale afin de redonner de l’efficience au temps médical consacré par le biologiste à ses patients. Le SJBM prône un recentrage de la norme ISO 15189 sur des axes d’amélioration pertinents pour la prise en charge quotidienne des patients.
– Affirmation du caractère médical de la profession via un dialogue clinico-biologique renforcé et la cotation de consultations spécialisées.

Et le SJBM de conclure : « Le désintérêt croissant pour celle-ci sonne comme un aveu d’échec pour une réforme dont l’ambition était de garantir une biologie médicale de qualité sur l’ensemble du territoire français. Il est de notre devoir de maintenir un haut niveau d’excellence dans une discipline qui se veut motrice dans la prise en charge quotidienne des patients et pour laquelle il est attendu dans les années à venir de grandes innovations dans les domaines du diagnostic, du pronostic et de la médecine personnalisée. »

D’après un communiqué du SJBM

La rédaction

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