Les médecins biologistes alertent sur le cas de l'anticoagulant Pradaxa

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PARIS, 24 septembre 2013 - Les médecins biologistes, inquiets, ont écrit à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour l'alerter sur les effets du médicament Pradaxa

Par Steven DIAI, publié le 24 septembre 2013

Les médecins biologistes alertent sur le cas de l’anticoagulant Pradaxa

, un anticoagulant de la famille des nouveaux anticoagulants oraux (NACOs).

Ce médicament ne nécessite pas de suivi bio­lo­gique au long cours, contrairement aux traitements qui prévalaient jusqu’alors, comme les antivitamines K (AVKs).

Un nouveau traitement souvent injustifié

Selon le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM), « la prescription des NACOs engendre un risque : les NACOs entraînent les mêmes effets secondaires graves (hémorragies sévères, voire mortelles) que les AVKs, avec toutefois une différence de taille, il n’existe pas d’antidote (test biologique ou traitement accessible) permettant d’en neutraliser l’effet en cas d’hémorragie ».

Les jeunes biologistes signalent aussi que « le traitement est coûteux pour la solidarité nationale, le coût du traitement mensuel par NACOs étant en moyenne de 76 euros, à comparer aux 12,5 euros du traitement mensuel par AVKs, surveillance biologique incluse ».

Vers un nouveau scandale ?

Selon le Syndicat des jeunes biologistes médicaux, la situation est préoccupante. « Notamment au vu de la multiplication des accidents mortels survenus au Japon et en Allemagne liés à l’emploi de ces NACOs. » À tel point que les autorités sanitaires des deux pays émettent de plus en plus de réserves sur ces molécules.

La France a, quant à elle, autorisé l’utilisation des NACOs dans la prise en charge de la fibrillation auriculaire, « sans études adaptées », selon le communiqué de presse du SJBM. Ce dernier s’inquiète d’une prescription des NACOs « croissante et démesurée, […] en dehors des recommandations médicales. Ce qui expose les malades à un nombre proportionnel d’effets indésirables graves et de décès ».

De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a émis, le 12 septembre dernier, une recommandation aux médecins les mettant en garde contre les effets indésirables de ce médicament. Celle-ci rappelle « qu’il est essentiel d’utiliser ces médicaments dans le strict cadre des conditions de l’Autorisation de mise sur le marché, en respectant notamment les indications thérapeutiques, les posologies, les contre-indications, les mises en garde et précautions d’emploi ainsi que les interactions médicamenteuses ».

Vendredi soir, le SJBM a donc écrit une lettre à la ministre de la Santé pour « tirer la sonnette d’alarme » et éviter que ne se produise une seconde affaire « Médiator ». Il souhaite faire réfléchir la Ministre à une inscription des NACOs « sur la liste des médicaments à prescription d’exception […] afin que toute instauration de traitement soit médicalement justifiée et qu’un recul suffisant sur ces nouveaux traitements anticoagulants et les accidents liés soit permis ».

Com­mer­cia­li­sés en Europe dès 2008, les NACOs se sont très lar­ge­ment déve­lop­pés sur le mar­ché fran­çais entre 2012 et 2013. Ainsi, sur le dernier trimestre 2012, parmi les 100 000 patients entreprenant un traitement anticoagulant, 57 % se sont vus prescrire un NACO en première intention, d’après le rapport au ministre chargé de la sécurité sociale et au Parlement sur l’évolution des charges et des produits de l’Assurance maladie au titre de 2014 (loi du 13 août 2004). Par ailleurs, dans ce même laps de temps, les changements de traitement par AVKs vers les NACOs ont concerné 35 000 patients, dont 35 % de personnes âgées de plus de 80 ans.

E.C.

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