JFBM

"La VO2 max donne une idée globale de l'espérance de vie en bonne santé"

A l'occasion de la séance inaugurale des 8e JFBM, consacrée au Sport santé, Stéphane Diagana, est revenu sur quelques réalités marquantes de la relation entre activité physique et santé à travers des chiffres clés, des retours d'expérience qui illustrent à quel point l'activité physique est essentielle pour la santé !

Par , publié le 09 octobre 2025

« La VO2 max donne une idée globale de l’espérance de vie en bonne santé »

« la santé, c’est un capital pour tous nos projets – ne l’oublions pas »

En introduction à cette séance inaugurale, Raphael Bérenger, président du SNBH, l’organisateur de ces 8e journées francophones de biologie médicale qui se tiennent du 8 au 10 octobre à Mandelieu-la-Napoule, souligne : « Parce que la santé ce n’est pas que le soin mais aussi la prévention et le suivi et parce que justement, les biologistes médicaux ont toute leur place et un rôle majeur à jouer en prévention, tout autant qu’en diagnostic et en suivi, le sport santé sera notre fil rouge pour ce congrès. L’activité physique qui a une place majeure à prendre en prévention« .

Du champion à la prévention

Stéphane Diagana, ancien champion du monde du 400m haies, s’est, depuis l’arrêt de sa carrière sportive, énormément investi dans le sport santé. Il en est aujourd’hui l’un des ambassadeurs jouant tant sur son parcours que sur son travail avec des sociétés savantes (cardiologues notamment) mais aussi par la création d’un centre de recherche et pilote en sport santé.

Il est venu livrer quelques points clés de ce sujet lors de cette session inaugurale.

Des chiffres exponentiels

En introduction, il rappelle que « la biologie de l’homme est faite pour le mouvement, que le bon fonctionnement biologique de l’humain est dépendant de son activité physique et que, par exemple, il est aujourd’hui avéré que les muscles assurent des fonctions endocrines essentielles« . En 150 ans, les humains ont divisé par 8 leur activité physique. Pendant des millénaires, l’homme avait une activité équivalent à 16km de marche à pied par jour.

Le champion rappelle que par exemple que dès 2008, un rapport de l’Inserm montrait un très fort niveau de preuve entre la santé et le niveau d’activité physique.

Ainsi, pour une sédentarité supérieure à 7h par jour les chiffres s’envolent rapidement. Avec un risque de mortalité toutes causes confondues qui augmente de 66% quand on passe à 9h et et +233% si on passe à 12h.

Des temps minimes et minimum

« Les recommandations de l’OMS ne sont pas difficiles a atteindre : 30mn d’une activité modérée au moins 5 fois par semaine et 60mn par jour pour les enfants de 6 à 17 ans »

En réalité, « l’excuse du temps ne tient pas – ces 30 mn pouvant être fractionnées en 3x10mn » : descendre un arrêt de bus avant, faire une tâche ménagère… ou si l’effort est de plus grande intensité , 15mn peuvent suffire. Soulignons que le fractionnement de la période de sédentarité est d’ailleurs essentiel. »

La VO2 max, un critère universel ?

Ayant beaucoup travaillé en collaboration avec des cardiologues, Stéphane Diagana explique aussi que la capacité cardio-respiratoire (CCR) évaluée notamment par la VO2 max est un bon indicateur de la santé générale. Certains cardiologues s’accordent ainsi à dire que la VO2 max donne une bonne idée globale de l’espérance de vie en bonne santé.

« Si l’on prend deux groupes de personnes âgées de 54 ans, l’un ayant une CCR supérieure ou dans les normes attendues de leur âge et un groupe ayant une CCR en dessous des normes, la survie 20 ans plus tard est de 66% dans le groupe CCR+ et de seulement 50% dans le groupe CCR- »

Le coût de la sédentarité

Evalués en 2018 par le ministère de la santé, les coûts de la sédentarité sont assez impressionnants :

– 17 milliards d’euros par an répartis en 14 Md de coûts directs et 3 Md de coût indirect

Avec pour principales morbidités associées : diabète de type 2, mal de dos, troubles du métabolisme, arthrose, dépression… Pour cet item, la remise en mouvement a d’ailleurs montré de meilleurs résultats que n’importe quel médicament du marché sur les dépression légères.

Leviers d’action : le rapport Delandre

Remis en avril 2025, le rapport de la mission interministérielle Sport-Santé, dit rapport Delandre fait un état des lieux et propose plusieurs leviers d’actions pour assurer des activités physiques adaptées à tous, en tous lieux, à chaque âge ou selon les conditions de santé de chacun. Espérant que ce rapport ne restera par lettre-morte, le champion est aussi revenu sur les expérimentations menées au sein de son centre pilote en recherche sport-santé

Deux études visant à mettre en évidence l’efficience médico-économique du sport santé pour les malades chroniques ont notamment pu être menée. L’étude « As du Coeur » qui consistait à proposer des activités physiques adaptées à des patients coronariens, puis à en mesurer les effets, à la fois sur leur santé et du point de vue médico-économique et dont les résultats très positifs ont été publiés dans BMC en 2018.

Puis l’étude menée grâce à une prise en charge de la sécurité sociale au titre des expérimentations de l’article 51 portant sur 466 patients qui a montré une économie nette de 1,2 millions d’euros sur les frais de santé après la prise en charge. Ces deux études ont permis d’obtenir un avis favorable pour la prise en charge de ce type de programme par la sécurité sociale.

Professionnels de santé, ne vous oubliez pas

Le mot de la fin, à Raphael Bérenger qui invitera ses pairs à ne pas s’oublier et à réduire aussi leur sédentarité et à s’investir pour mettre en place des solutions, des actions et des environnements favorisant l’activité physique au sein de leurs établissements : venue de coach sportif, séance de marche collective pendant les pauses etc