BioV2 : Optimiser les prescriptions de biologie médicale pour tous
La société BIOV2, qui propose l'outil BIOrecos, a travaillé à rendre accessibles les recommandations et la nomenclature des actes de biologie avec des outils pensés autant pour les prescripteurs que les biologistes. Elle s'attaque désormais à aider les patients. Exploration de cette mission avec son fondateur, Bastian Carrara, pharmacien biologiste chez Cerballiance.

La page d'accueil permet, en un coup d'œil, de voir les dernières recommandations parues.
« Performant », « ergonomique », « utile », les adjectifs flatteurs sortent facilement quand on interroge les utilisateurs de la solution BIOrecos. Malgré cet accueil et une consultation régulière des personnes qui l’utilisent, la solution reste encore peu connue des biologistes hors du groupe Cerballiance et assez peu diffusée auprès des médecins.
« Nous n’avons pas les moyens de communiquer massivement et nous avons du mal à trouver de la visibilité – le développement s’est donc fait principalement par les laboratoires du réseau Cerballiance et les médecins prescripteurs qui sont en contact avec ce réseau », témoigne Bastian Carrara, PDG de BIOV2.
En quoi consiste BIOrecos ?
Le cœur de l’outil est une base de données de toutes les recommandations en biologie médicale (quelles que soient leurs sources : HAS, SFM, HSCP, etc.) et de la nomenclature des actes de la biologie médicale (NABM).
À partir de cette base de données, régulièrement mise à jour, plusieurs outils peuvent être mis à disposition :
aide à la prescription des examens biologiques pour les médecins généralistes ou spécialistes ;
aide à l’information, la classification ou la vérification pour les biologistes ;
une extension pour les patients est en cours de déploiement.
Les médecins ne peuvent pas se tenir à jour
C’est à partir de ce constat que Bastien a commencé à travailler sur cette base de données. Il est alors tout jeune biologiste et découvre le travail de la biologie de ville. « Je me suis aperçu très vite que les médecins n’avaient pas toujours les connaissances pour faire des prescriptions efficaces et, dès qu’ils sont sur des symptômes ou pathologies plus rares, celles-ci ne sont pas efficientes – ni pour le patient, ni pour le biologiste, ni pour le parcours de soins et le système de santé en général. Dans un monde médical en constante évolution, le choix des examens biologiques appropriés représente un défi majeur pour les prescripteurs : il faut soit tout avoir en tête, soit aller vérifier dans plusieurs bases et recouper ensuite l’information sur les sites des autorités de santé ou des sociétés savantes. » C’est ainsi qu’est né BIOrecos, la seule base de données de référence des examens de biologie médicale. Quatre ans de travail aboutissent, en 2021, à une phase pilote avec les 700 laboratoires de Cerballiance, qui sera ensuite contractualisée en 2022.
Allié de la maitrise médicalisée
Sur les interfaces partenaires de BIOrecos, l’accès à la base de données est mis à disposition gratuitement pour les prescripteurs et biologistes : le prescripteur renseigne une pathologie, un symptôme, un traitement ou une analyse et BIOrecos fournit alors des indications sur les analyses biologiques à prescrire dans le contexte clinique renseigné. Les informations fournies sont sourcées d’après les recommandations des autorités de santé ou des sociétés savantes.
Évidemment, BIOrecos est un allié de la maîtrise médicalisée : des prescriptions plus justes, plus pertinentes, plus complètes, et des prescripteurs qui peuvent se mettre à jour au fil de l’eau. C’est d’ailleurs l’une des missions fondamentales des laboratoires de biologie que d’aider les prescripteurs dans cette tâche.
Essentiel aussi pour les biologistes : la NABM par BIOrecos !
Si l’outil a été pensé pour aider les prescripteurs, il s’est avéré extrêmement pertinent aussi pour les biologistes. « En réalité, chez Cerballiance, il permet, par exemple, que tous les laboratoires aient la même base de données de référence, explique Bastien Carrara. Il a donc été intégré dans plusieurs procédures qualité du groupe. C’est même un outil qui est revenu comme un point fort dans plusieurs audits du Cofrac. »
L’interface permet, entre autres, de mettre en avant les mises à jour de la NABM grâce à un système de marquage. Les filtres offrent la possibilité aux biologistes d’effectuer des recherches de manière intuitive et ergonomique sur la nomenclature : « Par exemple, précise le créateur, on peut rechercher uniquement les examens dont le remboursement est soumis à des indications médicales strictes… Et, remarque importante, nous gérons les synonymes dans le moteur de recherche (comme VIH et HIV) et affichons les tarifs de façon plus claire, etc. – ce sont de petits détails, mais qui peuvent parfois être bloquants. »
Un avis que confirme Quentin Marino, directeur général de Cerballiance IDF Sud (Selas de 58 sites) : « Je suis devenu assez naturellement un ambassadeur de BIOrecos, car c’est un outil à la fois simple, puissant et performant. Il centralise toutes les recommandations au même endroit : fini les pertes de temps à rechercher les dernières versions parmi les différents supports existants.
« Quand nous sommes face à un résultat anormal, aussi bien le biologiste que le médecin peuvent identifier rapidement les examens complémentaires à réaliser. Nous partons ainsi d’une même source d’information, ce qui facilite la communication. Aujourd’hui, biologistes et médecins, nous nous spécialisons de plus en plus, il devient difficile de suivre toutes les évolutions en dehors de notre spécialité. BIOrecos répond à cette demande en nous aidant à rester à jour. C’est également un levier de différenciation pour le laboratoire : proposer un outil simple et gratuit aux prescripteurs, c’est nouer ou renforcer des liens avec eux. »
Et maintenant ?
Le défi aujourd’hui pour BIOrecos ? Réussir à passer la marche de la popularisation, à toucher plus de laboratoires de biologie, plus de médecins, à trouver des partenariats et des codéveloppements… pour que ce travail titanesque de réunir en une seule base de données les informations de la biologie médicale ne reste pas qu’un travail à destination de quelques acteurs.
20 000 recherches hebdomadaires
pour 2 300 prescripteurs
utilisateurs, soit 250 utilisateurs
par jour sur la base
de 550 fiches et pathologies
DÉVELOPPER LA BIOLOGIE PERSONNALISÉE
Le concept de « Mon Bilan Bio » est de promouvoir la demande de biologie à l’initiative des patients de manière encadrée, structurée et la plus utile possible.
« Tous les jours, des patients poussent la porte d’un laboratoire de biologie médicale pour faire un bilan sans prescription, constate Bastien Carrara. Or la secrétaire médicale ne peut pas toujours traduire les besoins du patient en liste d’examens pertinents et les biologistes ne sont pas toujours disponibles pour cette tâche. On renvoie donc les patients vers leur médecin avec, probablement, certains d’entre eux qui n’iront jamais. » Pourtant, s’ils ont poussé la porte du laboratoire sans prescription, c’est qu’il devient aussi difficile d’avoir accès à un médecin. Il y a là, pour les biologistes, un rôle à endosser, si le patient peut délimiter sa demande et répondre à un certain nombre de questions préalables.
C’est ce nouvel outil que développe BIOV2 : Mon Bilan Bio. Le principe ? Le patient répond aux questions types sur ce qu’il voudrait savoir, ses antécédents médicaux, maladies chroniques, etc. Ensuite, Mon Bilan Bio lui propose une liste d’examens qu’il pourrait effectuer avec le tarif pour chacune des analyses. Idéalement, il pourra ensuite se présenter au laboratoire avec cette liste. Cela permettrait d’éviter les demandes fantaisistes et non pertinentes, de structurer les demandes et d’assurer un service pour des patients en errance ou en interrogation, de plus en plus nombreux.
Une nouvelle fois, cette solution est construite pour pouvoir être intégrée en marque blanche au travers de laboratoires partenaires.