Vitesse de sédimentation : Une pertinence bientôt tranchée
L’objectif de l’évaluation est d’apprécier l’intérêt médical de la vitesse de sédimentation (VS) et de préciser ses indications ou non-indications dans le cadre de soins courants, en vue de modifier ses conditions d’inscription sur la NABM, voire d’aboutir à sa radiation.
Les questions auxquelles doit répondre ce travail sont :
- La mesure de la VS a-t-elle un intérêt médical chez des personnes asymptomatiques ou paucisymptomatiques sans signe d’appel pour une pathologie inflammatoire ?
- A-t-elle un intérêt médical dans d’éventuelles situations cliniques « résiduelles », parmi lesquelles :
- l’artérite à cellules géantes ou la pseudopolyarthrite rhizomélique
- le lupus systémique,
- la polyarthrite rhumatoïde,
- les arthrites juvéniles idiopathiques ou la maladie de Still,
- la maladie de Hodgkin
- le myélome multiple
Les conclusions de la HAS sont attendues pour la fin 2025.
Les enjeux financiers face à la force de l’habitude
Malgré une diminution de sa prescription depuis 10 ans, le montant remboursé par l’Assurance maladie pour la VS en 2023 représente encore 12 millions d’euros pour près de 16 millions de VS remboursées. La diminution entre 2014 et 2023 a néanmoins atteint 25%. En ville, la VS est principalement prescrite par les médecins généralistes (79% des prescriptions), le plus souvent en association avec un hémogramme et la CRP. Elle reste ainsi une prescription fréquente dans un examen de routine chez des patients sans signe d’appel de pathologie inflammatoire.
Dans sa note de cadrage, la HAS souligne plusieurs enjeux d’une sur-prescription de la VS :
- enjeu de pertinence et d’amélioration de la qualité des soins : il s’agit, face à une augmentation de VS sans caractère pathologique, de réduire les cascades d’investigations inutiles, parfois invasives, ainsi que l’effet anxiogène pour le patient ; face à une VS normale, le risque est de conclure à tort à l’absence d’inflammation, de retarder le diagnostic, avec une perte de chances pour le patient ;
- enjeu économique : consommation de ressources matérielles et humaines potentiellement inutiles. Pour mémoire, le montant remboursé en lien avec la VS représentait douze millions d’euros en 2023 ;
- enjeu de communication large auprès des professionnels en lien avec l’Assurance maladie et les organisations professionnelles, et d’implémentation de la nouvelle pratique ;
- enjeu écologique : lié à la consommation de ressources matérielles (tubes, fonctionnement des analyseurs, etc.)