Florian Géry, FNSIP-BM : Dans l’oreille des internes
Biologiste infos : Quel est le rôle de la FNSIBP-BM ?
Florian Géry : Nous avons plusieurs rôles. Le premier est de fédérer les différents syndicats ou associations d’internes en biologie médicale et de pharmacie hospitalière des différents CHU. Leurs représentants élisent le bureau national pour porter leurs revendications auprès des instances nationales. Nous avons plusieurs sujets d’actions : d’une part, nous participons avec d’autres organisations à la défense et au respect du droit des internes en général et, d’autre part, nous avons des revendications propres à la spécialité de biologie médicale. Par ailleurs, nous organisons plusieurs évènements (journées d’information, assemblée générale, etc.) dans l’année au cours desquelles se tiennent des ateliers, conférences, expositions permettant aux internes d’approfondir certains sujets et de rencontrer des professionnels de toutes les branches de la biologie médicale, tant privée, qu’en CH ou en CHU.
Commençons par le général. En tant qu’interne, quelles sont les actualités les plus marquantes de votre mandat ?
Tout d’abord, il faut souligner que notre action, même si mon mandat n’est que d’un an, s’inscrit dans la durée, nous reprenons les sujets de nos prédécesseurs pour les faire avancer. L’année 2023 a notamment été marquée par une grande satisfaction pour les internes de toutes les filières : en effet, nous avons obtenu la pérennisation de la majoration de 50 % des rémunérations des gardes pour les internes et les séniors, semaine et weekend. Concernant le temps de travail, la FNSIP-BM, alliée à l’ISNI* et l’ISNAR-IMG*, avait porté fin 2022 un recours au tribunal administratif contre les 28 CHU pour non-respect du temps de travail de l’interne. En effet, ces centres n’ont toujours pas mis en place de système de contrôle « fiable, objectif et accessible de décompte des heures de travail » permettant de s’assurer que les internes ne dépassent pas les 48 heures hebdomadaires autorisées, alors que le Conseil d’État les avait mis en demeure de le faire dans sa décision du 22 juin 2022. Une de nos autres grandes préoccupations du moment réside dans les violences sexistes et sexuelles : il y a beaucoup d’affaires qui sortent en ce moment. Nous travaillons actuellement avec le Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé (CNAÉ Santé) qui a mis en place une plateforme d’écoute pour les étudiants en détresse. Nous encourageons les syndicats adhérents à réaliser des initiatives locales contre ce type de violences.
Du côté des biologistes médicaux, quelles sont les principales problématiques sur lesquelles vous travaillez ?
Concernant les problématiques propres à notre spécialité, l’une de nos priorités reste l’harmonisation de la formation des internes en biologie médicale. Par exemple, on peut citer les grandes disparités quant à la formation aux prélèvements : au CHU de Lille, les internes peuvent bénéficier à la fois d’outils efficaces comme des simulateurs, des mannequins, etc., pour tous les types de prélèvements (sang, vaginaux, myélomes, etc.) et ils doivent assurer des permanences de prélèvement pendant tout leur internat, ce qui leur permet d’entretenir leurs compétences tout au long de leur formation ; ailleurs, certains prélèvements ne seront pas abordés ou on ne dispensera qu’une semaine de formation et de pratique sur toute la durée de l’internat, ce qui est bien insuffisant pour être à l’aise avec ces gestes techniques. L’une de nos autres problématiques c’est la rigidité de la maquette, les stages prescrits et les stages éventuellement voulus par les internes : par exemple, nous devons faire un stage d’au moins 6 mois dans un CH hors encadrement universitaire, mais certaines surspécialités de la biologie médicale n’existent pas dans les CH… ou alors, si vous êtes à Paris, il est extrêmement difficile de trouver un hôpital qui ne soit pas un CHU. Enfin, on peut aussi citer la problématique du manque d’harmonisation des modalités de contrôle des connaissances et de validation, qui peuvent être très disparates.
Quels sont, pour vous, les atouts de la biologie médicale ? les évolutions possibles en matière de formation ?
La biologie médicale est une spécialité transverse : nous sommes en contact avec des infectiologues, des internistes pour l’immunologie, des hématologues, des endocrinologues, etc. On s’enrichit des autres spécialités, ce qui est vraiment passionnant et stimulant. Pour l’avenir, il me semble évident qu’il faudrait renforcer la formation sur les marqueurs nécessaires aux cliniciens pour pouvoir jouer pleinement un rôle de conseil auprès d’eux, afin de leur assurer un retour optimisé pour l’interprétation des résultats et les orienter sur les examens complémentaires à réaliser selon les résultats. Par ailleurs, il faudrait vraiment élargir, dès la formation, le champ des possibilités de stage pour en effectuer dans des laboratoires de ville plus facilement et aborder des thématiques de gestion comme l’accréditation et le management d’une équipe.
Un vœu pour l’avenir ?
Comme tous les professionnels, nous attendions avec impatience la mission gouvernementale qui devait se tenir en janvier sur la biologie médicale. Nous espérons que le nouveau gouvernement va prendre la suite et que nous serons associés à cette initiative. L’avenir et l’attractivité de la biologie médicale passent aussi certainement par une remise à plat de son fonctionnement et de la place qu’on lui attribue dans le système de soins en général. La FNSIP-BM continue d’être présente et d’apporter sa pierre auprès des autres syndicats et des instances de formation pour faire avancer tous ces sujets.
Notes
- La FNSIP-BM possède un président pour la pharmacie hospitalière et un autre pour la biologie médicale.
- ISNI : Intersyndicale nationale des internes.
- ISNAR-IMG : InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale.
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