SARS-CoV-2 : Anosmie et infection neuronale, deux phénomènes indépendants décryptés

Des chercheurs de l'Institut Pasteur et de l'Université Paris Cité ont utilisé des hamsters dorés comme modèle animal pour étudier la capacité de différents variants du SARS-CoV-2 à infecter le système nerveux central. Les résultats révèlent une capacité d'invasion neuronale qui ne dépend pas d'un variant en particulier.

Armance Gelaude, publié le 08 novembre 2023

SARS-CoV-2 : Anosmie et infection neuronale, deux phénomènes indépendants décryptés

Les symptômes associés à la COVID-19 ont évolué depuis le début de la pandémie, en particulier avec l’apparition de variants du virus. Initialement, l’anosmie, la perte de l’odorat, était considérée comme l’un des symptômes caractéristiques de l’infection par le SARS-CoV-2. Avec l’émergence du variant Omicron/BA.1, l’anosmie est devenue moins fréquente. Cette variation des symptômes a conduit les chercheurs à se demander si la capacité du virus à affecter le système nerveux était en jeu.

Pour répondre à cette question complexe, les chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Université Paris Cité ont utilisé un modèle animal, les hamsters dorés, pour étudier la capacité de différents variants du SARS-CoV-2 à infecter le système nerveux central. Ils ont sélectionné plusieurs souches du virus, notamment la souche originale de Wuhan, ainsi que les variants Gamma, Delta, et Omicron/BA.1, pour mener leurs expériences.

Anosmie et infection neuronale : deux phénomènes distincts

Les résultats de l’étude ont révélé que tous ces variants du SARS-CoV-2 ont la capacité d’envahir le système nerveux central et d’infecter les bulbes olfactifs, des structures cérébrales essentielles pour le traitement des informations olfactives. L’infection des bulbes olfactifs n’est pas spécifique à un variant particulier ni liée à un symptôme clinique spécifique, comme l’anosmie.

Les chercheurs ont identifié une séquence génétique ORF7ab dans la souche de Wuhan, liée à l’anosmie. Lorsque cette séquence génétique est absente, comme c’est le cas pour certains variants, la perte de l’odorat chez les animaux infectés est réduite. L’infection des neurones persiste cependant. 

Ces résultats suggèrent que l’anosmie et l’infection des neurones sont deux phénomènes distincts et peuvent se produire de manière indépendante. Ainsi, une infection même asymptomatique peut être caractérisée par la diffusion du virus dans le système nerveux.

Le mécanisme d’infection neuronale

Pour comprendre comment le SARS-CoV-2 parvient à infecter le cerveau, les chercheurs ont utilisé des neurones humains en culture in vitro.  Leur observation a révélé que les variants du SARS-CoV-2 étudiés, y compris le variant ancestral de Wuhan, sont capables de se déplacer dans les deux sens le long des axones des neurones, exploitant efficacement les mécanismes physiologiques de ces derniers pour se propager.

Implications pour la santé à long terme

Il reste à déterminer si le virus peut persister dans le cerveau au-delà de la phase aiguë de l’infection. Cela pourrait avoir des implications pour les symptômes persistants de la “Covid long”, tels que l’anxiété, la dépression et le brouillard cérébral, décrits chez certains patients.

Sources

Neuroinvasion and anosmia are independent phenomena upon infection with SARS-CoV-2 and its variants, Nature Communications, 26 juillet 2023

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