Couverture vaccinale : les biologistes toujours dépités

Encore une fois mis hors jeu des campagnes de vaccination, les biologistes, à l'unisson, déplorent une politique de santé publique et une réglementation qui marchent sur la tête. Alors que toutes les études montrent l'efficacité de campagnes bien suivies sur les cas graves et la mortalité des principaux virus respiratoires.

Par Sophie Hoguin, publié le 12 octobre 2025

Couverture vaccinale : les biologistes toujours dépités

Vaccination dans les LBM : la route est droite mais le chemin est long.

Le premier paragraphe du communiqué intersyndical du 10 octobre 2025 (SDBIO, les Biologistes Médicaux, SNMB, SLBC) résume en quelques lignes l’absurdité de la situation des biologistes vis-à-vis des campagnes vaccinales. Décrivant le hiatus entre les discours de mobilisations et l’absence de mise en cohérence sur le terrain. Ainsi, expliquent les biologistes :

« Le 7 octobre, la Direction générale de la santé (DGS) a rappelé, via un DGS-Urgent, l’importance d’une mobilisation collective face aux infections respiratoires aiguës (IRA) – grippe, Covid-19 et virus respiratoire syncytial (VRS) – alors que débute la campagne vaccinale hivernale. Les biologistes partagent pleinement cet objectif de santé publique. Mais nous déplorons qu’une fois encore, notre intégration dans le dispositif vaccinal reste lettre morte, faute de textes réglementaires publiés à temps. Il apparait fortement contradictoire d’appeler régulièrement à la mobilisation de tous et d’écarter dans le même temps des professionnels de santé comme les biologistes médicaux et leurs équipes, qui ont non seulement la légitimité mais aussi la compétence et les moyens logistiques pour y participer« .

Que manque-t-il pour que les biologistes puissent vacciner ?

Sur le papier, depuis un an, les biologistes comme les pharmaciens d’officine, les infirmières etc peuvent vacciner. Mais… sur le terrain, il manque encore, plusieurs autorisations essentielles pour que cela soit effectif. Les textes réglementaires, pourtant promis par les autorités, n’étant toujours pas parus. Les biologistes espèrent donc que d’ici la campagne de l’hiver 2026-2027, soient parus les textes réglementaires relatifs :

  • à la facturation des actes de vaccination par les laboratoires ;
  • à la commande directe de vaccins auprès des fournisseurs ;
  • et au stockage sécurisé des vaccins dans les laboratoires.

« C’est vraiment une aberration, souligne François Blanchecotte, président du SDBIO, d’autant que la dernière Stratégie vaccination et immunisation 2025-2030, publiée par le ministère de la Santé, intègre enfin officiellement les biologistes dans la boucle de l’offre vaccinale. »

Quels enjeux ?

« Bon, il y a deux ans, on avait dit c’est pour l’an prochain. L’année dernière, on vous a dit cette année. Il faut se rendre à l’évidence, ce sera seulement l’année prochaine« , ironise, un peu las, Lionel Barrand, président de Les Biologistes Médicaux, à l’occasion d’un atelier tenu aux JFBM sur la place des biologistes dans le système de soin.

Un gâchis ?

  • Quand on sait que les 4300 laboratoires de biologie médicale de proximité accueillent chaque jour plus de 500 000 personnes dont 70% viennent sans rendez-vous et que ces laboratoires sont présents à moins de 20mn de 98% des Français…
  • Qu’en 2024-2025 on a enregistré près de 3 millions de consultations en médecine de ville pour syndrome grippal, et 29 000 hospitalisations dont 60% concernaient des personnes de 65 ans ou plus. A mi-janvier, au moment du pic épidémique, la part de grippe dans les décès est estimé à 7,3%. Le taux le plus élevé depuis 2020
  • Que la couverture vaccinale des personnes à risques n’atteint pas 50%
  • Que les infections respiratoires comme la grippe entraînent tous les ans des saturations des services hospitaliers

Une vaccination efficace et protectrice

Que ce soit pour la grippe, le VRS ou le Sars-Cov2, les études montrent toujours des résultats positifs sur : le nombre de cas graves et d’hospitalisation, les comorbidités à court, moyen et long terme de campagnes de vaccination large et bien menée. A titre d’exemple, la dernière étude concernant les vaccins contre le VRS, qui sont encore relativement récents (voir cet article scientifique paru dans JAMA), montre que le vaccin VRS réduit de 58 % le risque d’hospitalisation chez les 60 ans (jusqu’à 67% pour les personnes immunocompétentes) et plus durant deux saisons. Avec un bémol cependant sur les personnes immunodéprimés ou attentes de pathologie cardiovasculaires. Néanmoins, l’efficacité est moindre chez les immunodéprimés.