Santé masculine : des spermatozoïdes qui se défendent et les cancers de la prostate sous haute technologie

A l'occasion de "Movember'", le mois de sensibilisation des cancers masculins, on découvre que les spermatozoïdes sont capables de nétose et que les cancers de la prostate font l'objet des dernières technologies de diagnostic et de traitement à l'Institut Curie.

Par Sophie HOGUIN, publié le 06 novembre 2024

Santé masculine : des spermatozoïdes qui se défendent et les cancers de la prostate sous haute technologie

Dans un article paru sur Medscape, des chercheurs brésiliens ont identifié pour la première fois une fonction des spermatozoïdes autre que la reproduction. En effet, une petite cohorte de 13 patients atteints du Covid-19 ont révélè, au microscope électronique, que les spermatozoïdes activent un mécanisme de défense extracellulaire libérant des filaments de chromatine décondensée sur lesquels sont fixées de nombreuses protéines microbicides (histones, élastases…). Ce processus de nétose a déjà été observé chez des macrophages, ou des polynucléaires neutrophiles (NETs) mais c’est la première fois qu’on l’observe dans les cellules reproductrices de mammifères.

Cette cohorte a par ailleurs montré que le SARS-COV-2 pouvait être toujours présent dans les cellules reproductrices masculines plus de trois mois après l’infection (11 patients sur les 13).  Un risque potentiel pour les procréations assistées qu’il faudrait alors éloigner de plus de 90 jours après un épisode de Covid confirmé. Ces résultats restent néanmoins à confirmer car l’échantillon est vraiment petit.

Donc, Messieurs, plus que jamais, restez couverts !

Cancer de la prostate : technologies de pointe à l’Institut Curie

Le diagnostic des cancers de la prostate bénéficie à l’Institut Curie des dernières innovations.

En première approche, un test non invasif sur des marqueurs urinaires est en cours d’évaluation. L’étude clinique, baptisée HOPE – coordonnée par l’Institut Curie, en partenariat avec l’Hôpital Henri Mondor et l’Institut Mutualiste Montsouris a testé des biomarqueurs dans l’ADN non codant présent dans les urines pour une détection précoce du cancer de la prostate. L’analyse des résultats de l’essai mené sur 118 hommes doit être terminée dans quelques mois. Elle permettra de déterminer l’efficacité et l’intérêt de poursuivre le développement de ce test pour le diagnostic, le pronostic et la surveillance active des cancers de la prostate permettant d’éviter les biopsies inutiles. Les biomarqueurs ont été identifiés en utilisant un séquençage nouvelle génération et des algorithmes innovants d’intelligence artificielle et de bio-informatique.

Côté anatomopathologie, cela fait maintenant deux ans que toutes les lames issues des prélèvements de tumeurs des nouveaux patients sont numérisées. En novembre 2024, une nouvelle étape va être franchie avec l’utilisation d’un outil d’intelligence artificielle destinée au diagnostic du cancer de la prostate développée par Ibex. L’outil permet une analyse rapide, sans discontinuer qui facilite le travail du pathologiste pour affiner le diagnostic et faciliter les choix thérapeutiques.

Côté traitements, l’Institut Curie, depuis mi-octobre 2024, propose des thérapies par « RIV » dans le cadre d’un accès précoce.

La RIV, pour radiothérapie interne vectorisée est une des options de traitement pour les cancers métastatiques. Elle est aujourd’hui employée dans le traitement des cancers de la thyroïde et des tumeurs neuroendocrines et se développe désormais  pour la prostate.  L’institut Curie explique ainsi que « Contrairement à la radiothérapie externe conventionnelle, cette technologie de médecine nucléaire consiste en des injections par voie intraveineuse de molécules radiopharmaceutiques qui se fixent spécifiquement aux cellules tumorales pour les détruire. On greffe un isotope radioactif (le lutetium, Lu) à une molécule spécifique (le PSMA, un antigène membranaire caractéristique de la prostate) qui va délivrer une dose de rayonnement au niveau de la cellule tumorale. Cette technique innovante présente ainsi le double avantage d’épargner les cellules saines tout en ciblant le corps entier et non pas une localisation précise. La RIV est soumise à une réglementation très stricte, notamment en matière de gestion des déchets radioactifs et de formation des personnels de santé qualifiés et habilités à l’utilisation de produits radiopharmaceutiques.«