Le gouvernement nomme son Valletoux à la Santé

Frédéric Valletoux, ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF), député porteur de la dernière loi dite "d'accès aux soins", vient d'être nommé ministre délégué à la Santé et à la prévention. Les libéraux hurlent au loup, les hospitaliers sont dans l'attente. Une nomination qui a au moins le mérite de faire réapparaître la prévention et de combler l'absence d'interlocuteur depuis plus d'un mois.

Par Sophie HOGUIN, publié le 12 février 2024

Le gouvernement nomme son Valletoux à la Santé

Finalement le remaniement du remaniement aboutit pour la santé à un duo : Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités et Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé et à la Prévention. Un couple qui n’enthousiasme pas tous les professionnels : de l’ulcération des médecins libéraux à un attentisme prudent des hospitaliers. Les biologistes – notamment libéraux – eux, gardent encore espoir de pouvoir reprendre le dialogue avec les ministères pour étudier leurs demandes sur l’évolution de la biologie et sur la protection des statuts des libéraux.

Un ministre qui connaît le secteur

Alors que nous vous annoncions à tort qu’Agnès Pannier-Runacher serait nommée ministre délégué à la Santé  – ce qui était le premier choix de l’exécutif – c’est finalement Frédéric Valletoux qui a obtenu la mise après un long mois d’attente. Bien connu des professionnels de Santé Frédéric Valletoux a en effet été à la tête de la Fédération hospitalière de France pendant 11 ans de 2011 à 2022. Avant d’entamer sa carrière politique, il était journaliste, notamment à la Gazette des Communes. Maire de Fontainebleau de 2005 à 2022, conseiller régional d’Ile-de-France (entre 2010 et 2022), il est élu député en 2022 comme représentant de la majorité présidentielle – courant Horizons d’Edouard Philippe. La santé est son crédo et il a soutenu, non sans mal, sa proposition de loi visant à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels qui a finalement été votée avec quelques amendements et promulguée le 27 décembre 2023.

Accueil hostile des médecins libéraux

Bien que bon connaisseur du secteur, sa nomination a été très diversement accueillie par les professionnels. Ces prises de position critiquant ouvertement les exigences tarifaires des praticiens libéraux ou remettant en cause le principe de la liberté d’installation et leur stigmatisation pour ne pas prendre assez part à la permanence des soins ont braqué les principaux syndicats de médecine libérale. Ainsi, le SML considère dans son communiqué “la nomination de Mr Valletoux “comme une gifle lancée aux médecins !”, poursuivant sur ce ton en ajoutant “Comment l’ancien président de la FHF qui a si bien accompagné le naufrage des hôpitaux publics, qui n’a eu de cesse de rendre la médecine libérale responsable de tous les maux de notre système de santé, qui a réussi l’exploit d’unir TOUS les syndicats de médecins contre lui, qui a mis en grève l’ensemble des médecins, comment pourrait-il être l’homme de la situation pour redonner à la médecine libérale l’attractivité dont elle a plus que jamais besoin ?

Accueil attentiste du côté de l’hôpital

Du côté d’Action Praticiens Hôpital (APH), dont fait partie le SNBH, on reste inquiet. Ainsi, le communiqué du syndicat précise “Action Praticiens Hôpital salue le choix d’un Ministre qui connaît bien les dossiers et les problèmes… tout en gardant une certaine inquiétude.  APH regrette que le Ministère de la Santé et la Prévention ne soit plus de plein exercice et constate qu’il n’y pas toujours pas de professionnel de santé nommé au Ministère. APH doit-elle rappeler que les décisions prises par la Fédération Hospitalière de France – dont Frédéric Valletoux a assuré une très longue présidence, jusqu’en septembre 2022 – dans les discussions au ministère avec les organisations représentatives de praticiens hospitaliers sont rarement allées dans le sens de nos besoins, de nos attentes ?

Des biologistes, pragmatiques

Du côté des représentants des biologistes, on insiste sur la double facette du système de santé français : libéral et public qui doivent marcher main dans la main et on espère que le dialogue va pouvoir se renouer. En effet, les “Etats généraux de la biologie” qui avaient été promis en janvier 2024 par Aurélien Rousseau, sont tombés à l’eau et la profession espère que Frédéric Valletoux prendra la relève dans le même sens. Ainsi, les Biomed, félicitent le nouveau venu et l’interpellent de cette façon “Votre parcours dans le monde hospitalier est largement connu, nous souhaitons que les décisions à venir du ministère, tant sur le versant hospitalier que libéral, soient réalisées avec dynamisme, cohérence, dans l’objectif d’améliorer la prise en charge, notamment biologique, des patients. Les français en ont grandement besoin.” Dans la même veine, “Le SDBIO est impatient de reprendre avec le ministre délégué à la Santé et à la Prévention les discussions impulsées par son prédécesseur en novembre dernier, lors des Journées de l’innovation en biologie (JIB), sur le rôle prépondérant et les missions que doivent tenir les biologistes dans le système de santé.” Le communiqué accueillant aussi avec espoir, une continuité au ministère de l’économie en la personne d’Olivia Grégoire, qui est “dorénavant ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation” et que “le SDBIO espère qu’elle continuera à mettre la même énergie dans la consolidation des professions libérales“.

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