Faciliter la prescription de dépistage VIH par les médecins généralistes

Un article paru dans le BEH n°5 du 28 mars 2023 met en évidence une augmentation significative des prescriptions de dépistage VIH grâce à l’affichage d’un pop-up rappelant les fréquences de dépistage ciblé préconisées par la HAS, dans un logiciel d’aide à la prescription destiné aux médecins généralistes.

N.B-S., publié le 29 mars 2023

Faciliter la prescription de dépistage VIH par les médecins généralistes

Cette étude parue dans le BEH n°5 du 28 mars 2023 a été menée de février à novembre 2020 auprès d’un panel de 2000 médecins généralistes représentatifs de la population de médecins libéraux en France métropolitaine (genre, âge et région d’exercice). Lors des consultations menées dans le cadre de cette étude, un message pop-up s’affichait sur le logiciel d’aide à la prescription utilisé par les médecins et offrait la possibilité de générer instantanément une ordonnance de sérologie VIH « pour les personnes âgées de 15 à 70 ans n’ayant pas de sérologie VIH renseignée et présentant un historique d’IST par Chlamydia trachomatis et/ou Neisseria gonorrhea et/ou syphilis, et/ou de VHC, et/ou de TB, et/ou de prescription ou de remboursement d’un traitement des classes J04AB, J04AC, J04AK, J04AM (traitement de la TB), J02AC (dérivés triazoles), J01CE (pénicillines sensibles aux beta lactamases pour le traitement de la syphilis), J05AB (nucléosides et nucléotides, inhibiteurs de la transcriptase inverse exclus) au cours des 12 derniers mois » détaille la publication, et ce conformément aux recommandations de la HAS de 2017. « L’utilisation de critères plus spécifiques des recommandations HAS tels que la sexualité ou comportement sexuel (en particulier HSH), l’origine ethnique, la nationalité, le département de résidence, et le statut sérologique VIH du patient est actuellement impossible via les logiciels d’aide à la prescription, principalement en raison de la règlementation relative aux données personnelles de sante en France » précisent les auteurs. L’impact de cet outil a été mesuré en comparant le suivi prospectif des consultations effectuées lors du « pilote » en 2020 au suivi rétrospectif des consultations effectuées sur la période « avant pilote » en 2019.

Une augmentation de 1,7 du taux de prescription de sérologies VIH

Au total, 35 911 consultations de patients répondant au critère d’affichage du pop-up ont été incluses pour la période « avant pilote », et 27 909 pour la période « pilote ». Une augmentation significative (p<0,001) du taux de prescription de sérologies VIH de 1,7 a été observée sur la période « pilote ». « Cette performance est probablement sous-estimée en raison de la diminution de 22,5% du nombre de patients avec un diagnostic ou traitement d’IST, VHC ou TB vus en consultation par les médecins généralistes du panel durant la période de pandémie de Covid-19 par rapport à la période comparée en 2019 » analysent les auteurs.

Un taux de nouveaux diagnostics VIH inchangé

En revanche, le taux de nouveaux diagnostics VIH découverts par les médecins généralistes du panel sur ces deux périodes était similaire et les résultats négatifs de sérologie du VIH n’ont pas été renseignés par les médecins généralistes dans les dossiers médicaux des patients. « Les freins au renseignement des résultats des sérologies du VIH restent à investiguer » pointe l’étude.

Identifier objectivement les patients à cibler : un enjeu majeur

Au final, « Ce pilote montre qu’un pop-up de rappel des recommandations représente un moyen supplémentaire pour faciliter la prescription de dépistages du VIH en médecine générale. Cependant, il révèle les difficultés à pouvoir identifier objectivement les patients à cibler, sur la base des informations contenues dans les dossiers médicaux des logiciels d’aide à la prescription, et questionne la faisabilité de la mise en pratique objective des recommandations de la HAS pour le dépistage ciblé du VIH par le médecin généraliste et leur suivi régulier » concluent les auteurs.