La première ligne de drones médicaux en France est officiellement ouverte
Le Centre Hospitalier de Verneuil-sur-Avre (Eure) - Établissement public de santé membre de la communauté hospitalière du sud de l’Eure, le CH de Verneuil (420 agents) et le laboratoire Cerballiance de L’Aigle dans l’Orne inaugure ce lundi 5 mai 2025 la première ligne de drones médicaux française : 5 allers-retours quotidiens sur 30 km qui transportent jusqu’à 250 tubes de prélèvements biologiques.

Nous vous en parlions déjà il y a un an (et même avant) lors de la campagne de test entre St Lô et Grandville (voir cet article sur la logistique), mais depuis octobre 2024, une ligne d’acheminement de prélèvements biologiques par drone tourne désormais en routine.
5 allers-retours par jour
Chaque vol dure 20 minutes, remplaçant les rotations routières. Ce projet d’envergure nationale s’appuie sur une infrastructure inédite : le premier vertiport hospitalier automatisé de France. Fabriqué en Normandie, ce vertiport, installé au sein même du CH de Verneuil sur Avre, à quelques mètres du service des urgences s’est accompagné d’une formation poussée des équipes hospitalières et d’une coordination étroite avec les acteurs du territoire.

Le parcours aérien du drone entre le CH de Verneuil et le laboratoire Cerballiance de L’Aigle.
Une installation qui s’inscrit dans une volonté de réduction des émissions carbone, de modernisation des infrastructures hospitalières en zone rurale pour garantir une qualité de soins optimales. Antoine Prigent, médecin biologiste, directeur de Cerballiance Normandie Ouest et directeur du projet Drone au niveau national précise ainsi : « L’utilisation de drones médicaux pour le transport de prélèvements biologiques représente une avancée majeure dans notre mission de fournir des résultats rapides et fiables à nos patients. Nous sommes convaincus que cette initiative servira de modèle pour d’autres régions en France et au-delà. »
Les gains
Depuis son ouverture la ligne a permis :
- d’éviter plus de 2 tonnes équivalent CO₂
- de gagner plus de 30 heures sur les délais de traitement
- de supprimer les risques routiers liés aux embouteillages ou aux accidents
Ce projet illustre comment le service public peut continuer à innover et comment la biologie médicale française, en s’appuyant sur les forces publiques et privées peut améliorer le service au patient. Le modèle, reproductible à l’échelle nationale, peut néanmoins être confronté à deux obstables majeurs : une nécessaire adaptation des infrastructures, des cadres réglementaires qu’il faut parfois adpatés ( la réglementation aérienne est encore en construction en matière de circulation des drones publics).
À l’horizon fin 2025, les drones opérés par Delivrone pourront être déclenchés à la demande par les médecins urgentistes via une application mobile. L’objectif est de supprimer les trajets à vide et de s’adapter aux rythmes réels des services d’urgence.
Genèse du projet : de l’expérimentation à la réalité
Le projet voit le jour en décembre 2021, à l’initiative de Cerballiance, Laboratoire de biologie Medicale et de l’opérateur Delivrone, start-up française spécialisée dans la logistique médicale par drone. L’objectif est clair : fluidifier le parcours de soins dans un territoire rural. Après une phase d’expérimentation entre Granville et Saint-Lô en 2023 (trajet de 52 km, le plus long réalisé en Europe), l’entrée en phase de production s’opère dès octobre 2024, avec une montée en puissance rapide : plus de 12 000 km parcourus et 150 heures de vol en 6 mois, sans incident.