Microbiotes : qu'en savent les Français ?

A l'occasion de la journée mondiale du Microbiote, le vendredi 27 juin, le Biocodex Microbiota Institute dévoilait les résultats de 3e observatoire international du microbiote - une enquête menée par Ipsos qui évalue les niveaux de connaissance des microbiotes et de leurs impacts en santé dans différents pays. La synthèse de cette année, sous forme de benchmarking entre les pays, souligne que les Français ont encore beaucoup de chemin à faire sur ce sujet.

Par Sophie HOGUIN, publié le 03 juillet 2025

Microbiotes : qu’en savent les Français ?

Etienne Mercier, directeur du pôle « Opinions et santé » d’Ipsos a ainsi présenter les principaux enseignements de cette troisième édition de l’Observatoire international des microbiotes, en se focalisant volontairement sur un benchmarking France / Reste du monde.

L’enquête, réalisée en ligne, à partir d’un panel Ipsos dans 11 pays, s’est tenue du 21 janvier au 28 février 2025. L’échantillon comprend ainsi 7500 personnes âgées de 18 ans et plus.

Si les Français progressent en matière de connaissances globales sur les microbiotes, beaucoup de chemin reste à faire, souligne Etienne Mercier.

L’intestin et le vagin

Si 88% des Français disent avoir entendu parler de microbiotes (soit +7 pt par rapport à 2023), ils l’associent essentiellement à l’intestin et au vagin. Leur connaissance de l’existence d’autres microbiotes (bucco-dentaire, ORL, pulmonaire) ne progresse pas et reste en dessous de la moyenne internationale. Cependant, il y a des progrès. Ainsi, concernant, les connaissances des Français sur le rôle et le fonctionnement des microbiotes plus de la moitié d’entre eux savent désormais que le microbiote n’est pas exclusivement localisé dans l’intestin (+9 points) même si 74% d’entre ne savent si il est composé d’autres choses que des bactéries et que – chiffres en baisse – 46% ne savent pas que le microbiote pourrait être lié à de nombreuses maladies. Une connaissance donc bien imprécise : les Français peuvent ainsi déclarer à 78% qu’un déséquilibre du microbiote peut avoir des conséquences sur la santé, mais ils n’identifient pas ni comment, ni en quoi. Ils savent aussi à 80% que l’alimentation joue un rôle important sur le microbiote – mais, comme le souligne Etienne Mercier, cette connaissance n’est pas un levier suffisant pour faire changer leur comportement.

Etienne Mercier

Etienne Mercier, Directeur du pôle Opinion et Santé chez Ipsos

Pré- et probiotiques très peu usités

Sur l’ensemble du panel, 56% des personnes interrogées ont modifié leurs comportements alimentaires pour améliorer leur microbiote. Ce taux tombe à 45% chez les Français. L’alimentation est alors le levier principal de changement : avoir une alimentation variée, éviter les plats préparés. Par contre, l’activité physique ou la consommation de pré- ou probiotiques ne font pas partie des comportements visés dans cette optique d’amélioration du microbiote avec des taux inférieurs de plus de 20 points par rapport à la moyenne de l’étude !

Professionnels de santé : A vous de jouer !

A la question « Pour obtenir des informations pertinentes et dignes de confiance sur le microbiote, à qui feriez-vous le plus confiance ?« , 85% des Français interrogés répondent  : un professionnel de santé ! On voit donc que leur rôle dans l’amélioration de la connaissance autour des microbiotes et comme levier de changements de comportements est crucial. Mais…

« Seule une minorité de Français ont eu des informations sur le microbiote de la part de leurs professionnels de santé. Une situation qui contraste avec celle observée dans les autres pays, où le sujet du microbiote est plus souvent abordé dans un cadre médical. » relève le sondage.

Olivier Valcke, directeur du Biocodex Microbiota Institute, relève ainsi, que c’est un des axes majeurs de l’institut de fournir aux professionnels de santé des modules en micro-learning pour « parler, informer et se former aux microbiotes ». Et que de nombreuses ressources sont disponibles à leur intention sur le site de l’Institut.

La question des antibiotiques

Les professionnels de santé français sont-ils armés pour parler du microbiote ? Il est fort probable que non. Ces notions ne font pas partie de leur apprentissage médical. Ils ont donc globalement une connaissance faible des microbiotes et ne savent probablement pas comment en parler à leurs patients. L’étude relève ainsi que moins d’un tiers des patients sont informés que les antibiotiques peuvent avoir un impact négatif sur leurs microbiotes et, en toute logique, moins d’un tier reçoivent des conseils pour limiter le plus possible les conséquences négatives de la prise d’antibiotiques sur les microbiotes.