FIV et ICSI : Un effet potentiellement négatif des boîtes de plastique utilisées

Une étude menée par des chercheurs de l’Institut Cochin met en évidence chez la souris une relation entre le plastique des boîtes utilisées pour le développement de l’embryon lors d’une fécondation in vitro et une altération de gènes du placenta impliqués dans les fonctions de détoxification, stress et inflammation.

Nadia Bastide-Sibille, publié le 22 mai 2023

FIV et ICSI : Un effet potentiellement négatif des boîtes de plastique utilisées

« Il est connu depuis longtemps que la fécondation in vitro (FIV) n’est anodine ni pour l’enfant, ni pour la Maman » introduit Jean Philippe Wolf, Professeur dans le service de Biologie de la Reproduction à l’Hôpital Cochin. Petits poids de naissance, risque accru d’hémorragies de la délivrance, anomalies lors de la grossesse et du développement de l’enfant… Une étude de 2022 en particulier, réalisée sur plus de 2,5 millions de femmes au Canada met en évidence une augmentation de la morbidité et mortalité maternelle et l’utilisation des techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP). « Ces anomalies sont attribuées au process d’AMP, la stimulation hormonale est suspectée mais pour le moment restent inexpliquées. Avec cet article, c’est la première fois que l’on met en évidence une cause bien particulière » explique le professeur Wolf.

Des altérations massives de l’expression de certains gènes du placenta

« Les embryons séjournent cinq jours dans des boites en plastique sous huile alors que les perturbateurs endocriniens sont lipophiles, et ce au moment où se met en route le génome embryonnaire. Nous nous sommes donc posé la question : quel impact de ce plastique sur le développement des embryons ? » contextualise le professeur. Pour répondre à cette question, son groupe de recherche de l’Institut Cochin (équipe Inserm 1016) a réalisé des FIV chez des souris à partir de trois types d’embryons : les premiers ayant été incubés dans des boites en plastiques, les seconds dans des boîtes en verre fabriquées pour l’occasion, et les derniers par fécondation naturelle. Les grossesses ont été interrompues à 16 jours et le transcriptome des embryons a été étudié. L’expression des gènes était similaire pour les embryons issus de grossesse naturelle et ceux incubés dans des boîtes en verre. En revanche, concernant les embryons provenant de boîtes en plastiques, « si peu de modifications ont été observées au niveau du cerveau, en revanche des altérations massives de l’expression de certains gènes sont apparues au niveau du placenta » détaille Jean Philippe Wolf. Ainsi, 1121 gènes étaient modifiés chez les embryons issus des boites en plastiques, ces gènes étant impliqués dans des fonctions bien particulières : la détoxification, le stress et l’inflammation. Ce travail qui a été financé par l’Agence de la biomédecine a été publié le 23 avril 2023 dans eBioMedicine, du groupe Lancet.

Validation chez l’humain

« C’est première fois à ma connaissance qu’une étude rapporte un effet potentiellement nocif des boîtes en plastique utilisés dans les procédures de FIV et d’ICSI » précise le professeur Wolf. Les étapes suivantes seront de déterminer si les effets de tous les types de plastiques et de verres donnent les mêmes résultats et de confirmer ces recherches chez l’Homme. « Nous souhaiterions à présent valider ces résultats sur des embryons humains donnés pour la recherche et comparer les transcriptomes au bout de quatre jours » indique-t-il. Ces recherches qui se font sur des embryons donnés par les parents à la science sont très encadrées et sont autorisées par des comités d’évaluation à l’Agence de la biomédecine. « Si ces résultats se confirment, il faudra probablement envisager de passer sur des boites en verre, qui ne sont pas très difficiles à produire » projette le professeur Wolf. Des résultats d’autant plus cruciaux, alors que l’AMP gagne en puissance depuis la réforme de la loi de bioéthique en août 2021…

Plastic used in in vitro fertilization procedures induces massive placental gene expression alterations. Franck Kouakou et al., EBioMedicine. 2023 Apr 22;91:104572.

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