Des monocytes pourraient être responsables de l'hyperactivation chronique des patients VIH+

Recherche clinique Biologiste infos PARIS, 9 août 2012 – L’hyperactivation du système immunitaire lors de l’infection par le VIH pourrait reposer sur l’activation d’une population particulière de globules blancs, selon une étude publiée dans Blood, qui met ainsi en avant une nouvelle cible thérapeutique potentielle.   Le VIH infecte les lymphocytes T CD4+ activés et […]

Par Steven DIAI, publié le 09 août 2012

Des monocytes pourraient être responsables de l’hyperactivation chronique des patients VIH+

Recherche clinique

Biologiste infos
PARIS, 9 août 2012 – L’hyperactivation du système immunitaire lors de l’infection par le VIH pourrait reposer sur l’activation d’une population particulière de globules blancs, selon une étude publiée dans Blood, qui met ainsi en avant une nouvelle cible thérapeutique potentielle.
 
Le VIH infecte les lymphocytes T CD4+ activés et induit leur épuisement. Au niveau de l’intestin, des lymphocytes en permanence activés par des lésions épithéliales sont la cible du virus qui provoque leur destruction. La paroi intestinale, non protégée, s’en trouve alors fragilisée et laisse passer dans le sang des produits bactériens comme le lipopolysaccharide (LPS).
 
Selon les chercheurs de l’Institut Cochin (Inserm, CNRS, Université Paris-Descartes), l’infection progressive par le VIH serait alimentée par une hyperactivation immune chronique, via des cytokines inflammatoires comme le TNFalpha. Pour vérifier leur hypothèse, ils ont utilisé la cytométrie en flux et analysé le nombre de cellules dendritiques et de monocytes circulant lors de l’infection par le VIH ainsi que leur production en TNFalpha.
 
Chez les 15 patients virémiques non traités, le nombre de cellules dendritiques circulantes CD141 (BDCA-3)+ et CD1c (BDCA-1)+ était réduit par rapport à celui des huit patients traités maîtrisant leur charge virale ou des treize donneurs de sang sains. A l’inverse, le nombre de monocytes CD14+ CD16++ était augmenté, en particulier ceux qui exprimaient M-DC8, tandis que le nombre de monocytes CD14+ CD16++M-DC8 restait inchangé.
 
Les cellules sanguines mononucléaires provenant des patients virémiques produisaient plus TNFalpha en réponse au LPS que ceux provenant de patients avec une charge virale contrôlée, les monocytes M-DC8+ étant principalement responsables de cette surproduction.
 
En outre, les chercheurs ont réussi à différencier in vitro des monocytes M-DC8+ à partir de monocytes classiques en utilisant le M-CSF (macrophage colony stimulating factor) et GM-CSF (granulocyte-macrophage colony-stimulating factor), deux facteurs de croissance dont la sécrétion est augmentée dans le plasma des patients virémiques. Cette population de monocytes M-DC8+ est déjà bien connue. Elle est impliquée dans la pathogenèse de maladies inflammatoires chroniques comme la maladie de Crohn.
 
La population de monocytes M-DC8+pourrait donc être considérée comme un acteur majeur dans l’hyperactivation immunitaire alimentant la progression de l’infection à VIH.
 
EC
 
Crédit photo: akay-Flickr