Démocratiser la médecine de précision

La médecine de précision, une idée encore futuriste ? Aujourd’hui encore cantonnée à des niches, de nombreuses applications existent et restent insuffisamment exploitées selon le professeur Soumeya Bekri, co-organisatrice du symposium P2M (Pathways to Precision Medicine) qui se tiendra à Rouen les 24 et 25 mars prochain.

Publié le 21 mars 2022

Démocratiser la médecine de précision

« La médecine de précision repose sur quatre piliers : c’est une médecine prédictive, préventive, personnalisée, et participative » introduit le professeur Bekri, chef du service du laboratoire de biochimie métabolique à l’Institut de biologie clinique du CHU de Rouen. « Nous avons tous des données qui permettrait non seulement d’intervenir dans les situations pathologiques, mais aussi d’améliorer le bien-être des patients. Mais elles sont insuffisamment exploitées à l’heure actuelle » déplore-t-elle. Ainsi, c’est dans l’optique d’ouvrir le champ des possibles et de partager les initiatives françaises, mais aussi internationales que le professeur Bekri co-organise avec le Dr Abdellah Tebani, maître de conférences des université et praticien hospitalier à l’Institut de biologie clinique du CHU de Rouen le symposium P2M (Pathways to Precision Medicine) les 24 et 25 mai prochain.

 

Un tournant dans l’exploitation des données

« Nous sommes en plein virage en France. Nous avons besoin d’une démocratisation, y compris sémantique. Des initiatives existent, mais restent très thématiques, sur le cancer, la génétique. La médecine de précision reste très futuriste dans l’esprit des cliniciens comme du grand public » déclare le professeur. « Tous les ingrédients sont là, mais la mayonnaise ne prends pas » déplore-t-elle. En cause, notamment le manque d’informaticiens et de personnes formées pour exploiter les données patients existantes. « C’est un nouveau métier qu’il va falloir créer pour une gestion des données éthiquement responsable et cliniquement utilisable » affirme Soumeya Bekri. Et pour cela la biologie est au premier plan. « Nous générons beaucoup de résultats qui peuvent conduire à établir des profils de patients pour un diagnostic plus précis, une meilleure prise en charge, un gain d’efficacité. J’ai été auditionné sur ces sujets en 2011 et 2014 à l’Assemblée Nationale. La médecine de demain est là » ajoute-t-elle.

 

S’inspirer des initiatives internationales

Certains pays comme la Belgique, la Suisse, la Suède, ou encore les Pays-Bas l’Angleterre ou l’Allemagne sont déjà bien avancés sur les thématiques de la médecine de précision. « Nous ne sommes pas très en avance, mais pas en retard non plus. C’est le moment de se lancer » avance le Pr. Bekri. Cela signifie de s’emparer des initiatives internationales et de mener une vraie réflexion éthique et sociétale. « C’est un changement de paradigme, qui nécessitera une manne financière au départ mais de rationaliser les dépenses à terme. Il faut prendre conscience de l’importance de ces quatre piliers. Il y a des choses qui bougent, mais les décideurs, les praticiens et le grand public doivent s’en emparer » milite-t-elle.

 

Pour en savoir plus

Les enjeux scientifiques, technologiques, sociaux et éthiques de la médecine personnalisée. Rapport de MM. Alain CLAEYS et Jean-Sébastien VIALATTE, fait au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques n° 306 (2013-2014) – 22 janvier 2014.
Symposium P2M 2022 : Inscription et programme
P2M 2019 : Intervenants et résumés
Omics-Based Strategies in Precision Medicine: Toward a Paradigm Shift in Inborn Errors of Metabolism Investigations. Int J Mol Sci. 2016 Sep 14;17(9):1555.

N.B-S