Thierry Coté, évaluateur Cofrac, s’indigne des propos tenus par le syndicat Bioprat
Accréditation
Suite à l’article du 2 mars 2016 intitulé Le syndicat BIOPRAT dénonce le harcèlement opéré par le COFRAC à l'encontre des biologistes médicaux publié sur ce même site www.edp-biologie.fr, le biologiste Thierry Coté, biologiste libéral, membre élu au Conseil d’administration du Syndicat des biologistes et évaluateur technique pour le Cofrac, a demandé un droit de réponse, afin de « rééquilibrer la vision déformée que donne le syndicat Bioprat » de la manière dont les biologistes perçoivent l’accréditation de leurs laboratoires.

« Le refus des réformes devient une maladie contagieuse dans notre pays », déplore le biologiste Thierry Coté. « Bioprat, syndicat minoritaire de biologistes, condamne sans appel la réforme de la Biologie Médicale initiée en 2010 et installée en 2013, en remplacement d’un modèle vieux de 35 ans », s’offusque-t-il.
La position du syndicat Bioprat représente « la résistance au changement érigée en culte », s’exclame Thierry Coté. « Ce qu’il [Patrick Lepreux] décrit n’est pas la réalité du terrain, dénonce-t-il. La vision que j’ai en est diamétralement opposée : celle d’une profession au travail pour passer au mieux les objectifs d’accréditation, et notamment dans une relation saine avec les équipes d’évaluation, dont un des membres est toujours un pair en exercice », explique l’auditeur Cofrac.
Pour lui, « le discours-panique de [son] confrère Lepreux est en total décalage avec la vie de tous les jours de la plupart des laboratoires de biologie français où chacun s’adapte plutôt bien. C’est ce que nous observons sur le terrain. […] Bioprat n’a pas su ou n’a pas trouvé à utiliser les synergies du regroupement pour progresser dans un monde globalisé où la solidarité face à la maladie a besoin autant de qualité que de maîtrise des coûts. »
Redresser l’image de la profession
S’opposant fermement aux propos de M. Lepreux, président du syndicat Bioprat, le biologiste Thierry Coté souhaite « améliorer l’image de la profession [concernant l’accréditation] par un propos équilibré, responsable, et bâti sur l’intérêt général. »
« La Biologie Médicale est une discipline en forte évolution depuis les années 90. Le payeur collectif réclame des coûts optimisés, les biologistes s’adaptent en regroupant leurs moyens techniques très lourds », raconte le biologiste. Il poursuit : « Cette réforme a permis aux biologistes d’affirmer leur rôle de praticiens de santé avec une forte médicalisation de leur exercice personnel, et d’obtenir la liberté d’organisation au sein des réseaux techniques en formation. En échange, ils devaient se plier à une démarche de qualité prouvée, censée palier un contrôle administratif reconnu par tous comme insuffisant depuis des décennies. »
Selon lui, « la qualité prouvée devait respecter les exigences de service public inhérents à cette activité de soins à la personne, ce qui imposait de recourir à l’accréditation avec appel au seul organisme français agréé par l’Etat pour l’accréditation : le COFRAC. »
Et le biologiste de témoigner : « Les acteurs de l’accréditation sont des auditeurs dépêchés par le COFRAC ». Travaillant en équipe, il s’agit « d’un professionnel de la qualité, apte à évaluer les aspects généraux et transversaux du management de la qualité dans les laboratoires, et d’un biologiste en exercice, formé et qualifié pour évaluer ses pairs sur la partie analytique au sens le plus large. » Thierry Coté rappelle que 280 pairs qualifiés consacrent « 10 à 20 journées par an pour évaluer leurs confrères et contribuer à ce que plus de 60 % des laboratoires de biologie soient accrédités à ce jour, aussi bien en ville qu’au sein des établissements hospitaliers publics. » Pour lui, « la profession a très largement joué le jeu de l’accréditation ».
Il admet que ce processus d’accréditation « a accéléré les restructurations, favorisant, localement, le regroupement des compétences et une réponse appropriée à la maîtrise des coûts ». Tout en reprenant : « Qui pourrait s’en plaindre ? Ni les biologistes, nombreux à s’épanouir dans leur domaine de prédilection. Ni les pouvoirs publics qui respectent une profession bien décidée à ne pas scier la branche sur laquelle elle est assise. Certainement pas les patients, qui siègent au COFRAC et comprennent le bénéfice de la qualité en Biologie Médicale qui impacte près de 75 % des décisions de leur médecin traitant ».
Le biologiste Thierry Coté regrette simplement que « les différents gouvernements français n’aient pas su préserver le modèle de profession libérale et aient laissé les financiers s’engouffrer dans la brèche ouverte par les subtilités du droit européen » et que « le COFRAC peine à boucler les échéances prévues car il faudrait presque deux fois plus d’évaluateurs. »
Pour l’auditeur Cofrac, « l’accréditation est largement à la portée de tout laboratoire sérieux. » Il renchérit : « L’évaluation par les pairs apporte des gages de réalisme et de pondération des exigences normatives. » Et l’auditeur Cofrac de conclure ainsi : « L’enjeu aujourd’hui est de rapprocher les biologistes et le COFRAC dans un objectif commun de réussite, pour la qualité du soin délivré au patient. »