Les complications du diabète de type 2 exigent une prévention qui passe par un contrôle de l’équilibre glycémique
Prise de position
Certains auteurs ont récemment remis en cause l’intérêt de contrôler l'équilibre glycémique des personnes diabétiques de type 2 tout en contestant l’efficacité des traitements hypoglycémiants par rapport à leurs risques potentiels.

Cette prise de position est essentiellement fondée sur des publications qui n’ont pu mettre en évidence un bénéfice cardiovasculaire significatif chez des patients soumis à un traitement intensif par rapport à une approche conventionnelle. Toutefois, ces études ont été conduites sur une courte durée de temps et sur des populations hétérogènes présentant déjà des complications vasculaires, ce qui conduit à faire des réserves sur l’interprétation de leurs résultats. À l’opposé, d’autres travaux, menés sur un temps d’observation prolongé ou mis en œuvre chez des sujets plus jeunes, confirment le bénéfice d’une réduction de l’hyperglycémie sur le risque micro- mais aussi macro-angiopathique, avec une diminution de la mortalité après 10 ans de suivi.
L’intérêt d’une intervention optimale sur le niveau glycémique dans la prévention des complications cardiovasculaires est, en outre, pleinement attesté par les résultats de l’étude EDIC suivant celle du Diabetes Control and Complications Trial (DCCT) au cours du diabète de type 1.
En se fondant sur les plus récentes données de la littérature et sur cinquante années de pratique qui ont considérablement amélioré le pronostic des patients diabétiques, on est en droit d’affirmer que :
1. l’optimisation glycémique réduit les complications micro-angiopathiques dans toutes les variétés de diabète. La preuve est parfois moins évidente pour les complications macro-vasculaires lorsqu’il s’agit de sujets déjà porteurs de lésions chronicisées peu sensibles à la réduction de l’hyperglycémie. En revanche, le bénéfice devient significatif chez les patients diabétiques non ou peu compliqués, précocement traités, suivis sur une longue période.
2. la prise en charge des autres facteurs de risque est indispensable mais ne doit pas occulter l’importance de traiter parallèlement l’hyperglycémie. En effet, les essais prospectifs montrent l’efficacité de ces mesures conjointes sur la survenue des événements cardiovasculaires.
3. l’HbA1c reste un indicateur fiable du déséquilibre glycémique [15]. Son niveau cible doit être personnalisé afin d’adapter l’intensification thérapeutique aux besoins individualisés de chaque personne diabétique.
4. la large panoplie de médicaments hypoglycémiants permet de personnaliser la conduite thérapeutique en optimisant le rapport bénéfice/ risques, avec, notamment, une diminution du risque d’accidents hypoglycémiques et de prise pondérale avec les nouveaux médicaments.
Mettre en doute l’intérêt des traitements hypoglycémiants pour prévenir les complications cardio- vasculaires du diabète de type 2 conduit à ignorer les remarquables progrès obtenus dans la prise en charge multifactorielle de cette affection. Par ailleurs, ne prendre en compte que le risque cardio-vasculaire tend à ignorer les autres complications, oculaires, rénales et neurologiques, où le contrôle glycémique joue un rôle préventif capital. Cette attitude ne peut que porter un préjudice grave aux patients qui seraient tentés de négliger les conseils thérapeutiques fondés sur des bases solides et sur des années d’expérience.