Le groupe d’analyse médicale Labco espère lever jusqu’à 545 millions d’euros en Bourse

Le laboratoire avait annoncé au début du mois d’avril qu’il prévoyait de lever 320 millions d’euros afin de se rembourser une partie de ses 700 millions de dettes mais table aujourd’hui sur une opération plus ambitieuse car en plus de lever de l’argent frais, certains de ses actionnaires ont l’intention de céder une partie de leur participation au capital. Labco prévoit d’émettre 45,7 millions d’actions nouvelles. Pourront d’y ajouter 17,1 millions d’actions existantes. Le groupe souhaite fixer le prix de chaque action entre 7 et 9 euros.

La taille initiale de l’offre sera ainsi « comprise entre 440 et 474 millions d’euros, dont environ 320 millions d’euros d’actions nouvelles et des actions existantes pour un montant compris entre 120 millions d’euros, sur la base de la borne inférieure de la fourchette indicative de prix) et 154 millions (sur la base de la borne supérieure de la fourchette indicative de prix) », indique Labco dans son communiqué.

Il prévoit en outre une option de surallocation portant sur la cession de 9,4 millions d’actions existantes supplémentaires. Dans ce cas, la taille de l’offre serait comprise entre 506 millions et 545 millions d’euros, selon le calcul de Labco. Le nombre actuel total d’action Labco est de 70,7 millions. En cas d’émission de la totalité des actions nouvelles prévues, ce total sera porté à 116,4 millions. En cas de succès, l’opération valorisera donc le groupe entre 815 millions d’euros (prix d’émission à 7 euros) et 1,05 milliard d’euros (prix d’émission à 9 euros), selon un calcul de l’agence de presse médicale.

La clôture de l’offre est programmée pour le lundi 11 mai, la fixation du prix aura lieu mardi 12 mai et le titre commencera à être négocié le mercredi 13 mai.

« Illégalité » et « dangers » du projet d’introduction en bourse

Le syndicat des biologistes (SDB) avait écrit vendredi 17 avril à l’autorité des marchés financiers (AMF) afin de l’alerter sur « l’illégalité » et les « dangers » de ce projet. Dans son courrier, cosigné avec le syndicat des laboratoires de biologie clinique (SLBC) et la fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et en biologie médicale (FNSIP-BM), le SDB estime que l’opération n’est « ni compatible avec le droit en vigueur, ni opportune ».

Pour le SDB, le code de la santé publique, modifié par la loi du 30 mai 2013 réformant la biologie médicale, prévoit notamment qu’une personne physique ou morale exerçant une profession de santé autre que celle de biologiste médical ne peut investir directement ou indirectement dans le capital d’un laboratoire de biologie. Or le syndicat assure que l’entrée en Bourse de Labco le confrontera à la détention d’une partie de son capital par des personnes qui n’en ont pas le droit, comme des médecins libéraux, qui seraient tentés de « favoriser » la société dans laquelle ils ont investi « par des prescriptions et par une orientation de clientèle ». Cette situation conduira à des sanctions financières « extrêmement lourdes » estime le SDB.

Le syndicat juge par ailleurs que l’introduction en Bourse est « choquante si l’on prend en considération, outre les énormes risques financiers, les intérêts des potentiels nouveaux actionnaires de cette société ». Le SDB conçoit l’opération comme une « nouvelle étape de la fuite en avant signant la dangerosité de la stratégie » de Labco, qui a fondé son développement sur l’acquisition de laboratoires à des prix « artificiellement gonflés », creusant ainsi son endettement. « Certes, au vu de l’extrême réticence manifestée par d’éventuels repreneurs à investir dans la société au prix qui leur était demandé, on peut comprendre que cette opération d’entrée en Bourse soit aujourd’hui la seule solution envisageable permettant à ses actionnaires historiques, dont la société de capital-investissement 3i, de sortir du capital de Lbaco », assène le syndicat. « Labco nous semble illustrer les dangers de la vision ‘industrielle’ et ‘financière’ de la biologie médicale », ajoute-t-il.

Principalement implanté en Europe de l’Ouest, le groupe a réalisé en 2014 un chiffre d’affaire de 650 millions d’euros, en progression de 12,4% sur les 3 dernières années. Il emploie 6000 salariés dans 160 laboratoires. L’activité française (64 laboratoires et 2900 emplois) a représenté 53% de ses revenus. Créé en 2044, Labco, contrôlé à 20% par 3i, a mené à bien près d’une centaine d’acquisition en 10 ans, principalement de laboratoires indépendants ou de petits groupements.

Mise à jour 13/05/2015:

Le groupe français de biologie médicale Labco a annoncé mercredi 13/05/2015 le report de son projet d’introduction en Bourse (IPO) sur Euronext Paris en raison de conditions de marché jugées « particulièrement volatiles ». « Malgré le soutien rencontré auprès des investisseurs pour le business model de Labco, la société a décidé de ne pas procéder à l’introduction en Bourse en raison de conditions de marché devenues particulièrement volatiles sur l’ensemble des places financières », explique le groupe dans un communiqué laconique. »Labco entend poursuivre sa stratégie de développement et de croissance en tant qu’acteur de référence des services de diagnostic médical en Europe », ajoute-t-il.

Depuis quelques jours, les marchés boursiers subissent de plein fouet les tensions sur le marché obligataire, avec des taux longs qui flirtent avec les 1% sur les OAT françaises et 2,26% sur les T-Bonds américains.