Rouxiella chamberiensis, une nouvelle bactérie identifiée, responsable de la mort des nourrissons de Chambéry

Bactériologie

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Après le décès de trois nourrissons à l’hôpital de Chambéry en décembre 2013, les chercheurs de l’Institut Pasteur avaient rapidement établi l’implication d’une bactérie jusqu’alors inconnue, responsable de la contamination de poches de nutrition parentérales.

Par Steven DIAI, publié le 18 mars 2015

Rouxiella chamberiensis, une nouvelle bactérie identifiée, responsable de la mort des nourrissons de Chambéry

Les scientifiques ont publié lundi 16 mars la caractérisation complète de cette bactérie, appartenant à un nouveau genre. La bactérie a été baptisée Rouxiella chamberiensis, en hommage à Emile Roux, proche collaborateur de Louis Pasteur qui dirigea l’Institut Pasteur de 1904 à 1933. Le nom de l’espèce a été attribué en référence à Chambéry, lieu de l’apparition de la nouvelle bactérie.

En décembre 2013, à la suite de la mort de trois nourrissons grands prématurés et de l’infection d’un quatrième à l’hôpital de Chambéry, la Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU) de l’Institut Pasteur, dirigée par Jean-Claude Manuguerra, avait été fortement sollicitée pour identifier la bactérie retrouvée en grande quantité dans six poches de nutrition parentérales ayant servi à alimenter les nouveau-nés. Les chercheurs avaient alors pu conclure à l’implication d’une nouvelle bactérie appartenant à un genre jusqu’alors non décrit.

Après le séquençage de l’intégralité de son génome et sa caractérisation complète, cette bactérie, vient d’être officiellement reconnue par le Comité international de taxonomie bactérienne. Les résultats de ces travaux sont publiés dans la revue de référence en taxonomie : International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology. L’ensemble des données sur cette bactérie ont été mis à disposition de la communauté scientifique et médicale.

Crédit photo : © Institut Pasteur

Les chercheurs de la CIBU poursuivent aujourd’hui leurs investigations, en collaboration avec d’autres équipes de l’Institut Pasteur ou d’institutions extérieures. Rouxiella chamberiensis se multiplie à 4°C, alors que la plupart des entérobactéries sont incapables de se développer en-dessous de 8°C. De plus, elle se met en latence et cesse sa croissance à 37°C.

Les chercheurs travaillent à présent sur la mise au point d’un test de détection spécifique à Rouxiella chamberiensis. Par ailleurs, ils doivent également apporter leur expertise afin d’établir le scenario de contamination des poches de nutrition.

Source : Rouxiella chamberiensis gen. nov., sp. nov., a new Enterobacteriaceae isolated from parenteral nutrition bags, International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, mars 2015

La rédaction