Reconstruire les chaînes de transmission du virus Ebola

Epidémiologie

Biologiste infos

Des chercheurs de l’Institut Pasteur de Dakar et de l’Institut Pasteur à Paris sont parvenus à reconstruire les chaînes de transmission du virus Ebola au sein de la capitale guinéenne, de février à août 2014.

Par Steven DIAI, publié le 10 février 2015

Reconstruire les chaînes de transmission du virus Ebola

Leurs données mettent en évidence l’impact positif des mesures de contrôle sur l’évolution de l’épidémie mais soulignent les défis à surmonter pour contenir cette épidémie dans les grands centres urbains et ont été publiées le 23 janvier 2015 dans The Lancet Infectious Diseases.

Afin de mieux comprendre et de caractériser la transmission d’Ebola pour pouvoir améliorer les stratégies de contrôle, des chercheurs de l’Institut Pasteur de Dakar, menés par Amadou Sall, et de l’Institut Pasteur à Paris, de l’équipe de Simon Cauchemez (unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses), ont reconstruit les chaînes de transmission du virus. Un travail d’enquête, auprès des patients, de leurs familles et de leurs voisins, qui a permis de mesurer la transmission d’Ebola entre individus dans différents contextes et à différents moments de l’épidémie.

Les chercheurs ont en effet constaté qu’en mars, les transmissions lors de funérailles représentaient 15 %, et celles à l’hôpital 35 % de toutes les transmissions. Ces proportions ont ensuite respectivement chuté à 4 % et 9 % à partir d’avril, quand des funérailles sécurisées ont été mises en place et qu’un centre de traitement a été ouvert. Ces données montrent que « la majorité des transmissions se sont faites dans la famille ou la communauté et que le renforcement des mesures de contrôle et d’isolement des malades a permis de ralentir substantiellement la progression de l’épidémie de Conakry. »

Des mesures insuffisantes pour stopper complètement l’épidémie puisque trois pics épidémiques ont eu lieu de février à août : le premier (le 24 février) est dû à l’introduction à Conakry d’un cas provenant d’une autre ville du centre de la Guinée (Dabola), le deuxième (le 24 mars) à des cas non déclarés par leur famille, et le troisième (le 30 juin) à une introduction d’un cas provenant de la Sierra Leone.

Les enquêtes couplées à l’analyse des échantillons biologiques révèlent également que plus la virémie est élevée chez un malade, plus le nombre de personnes qu’il risque de contaminer est important.

Au final, ces analyses soulignent les défis à surmonter pour contrôler cette épidémie dans les grands centres urbains. Les données épidémiologiques qu’elles apportent pourront être corrélées prochainement avec le séquençage des souches prélevées sur place depuis le début de l’épidémie, en cours d’analyse par les chercheurs de l’Institut Pasteur et du Réseau International des Instituts Pasteur.