Virus Ebola : validation technique d’un test de diagnostic en moins de quinze minutes sur le terrain
Virologie
Le CEA a développé un test de diagnostic rapide du virus Ebola, adapté aux situations d’urgence, qui vient de faire l’objet d’une validation technique au Laboratoire de haute sécurité microbiologique P4 Jean Mérieux (Inserm).

Baptisé Ebola eZYSCREEN et d’un format identique à celui des tests de grossesse, le dispositif sera utilisable sur le terrain, sans matériel spécifique, à partir d’une goutte de sang, de plasma ou d’urine. « Il est capable de donner une réponse en moins de 15 minutes pour tout patient présentant des symptômes de cette maladie », explique le CEA dans un communiqué.
Validé en septembre et octobre 2014 au Laboratoire de haute sécurité microbiologique de niveau P4 Jean Mérieux à Lyon (Inserm) sur la souche d’Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest, ses dernières évaluations et sa qualification doivent encore être effectuées sur le terrain. Elles seront immédiatement suivies d’une phase d’industrialisation et de mise en production par la société française VEDALAB, leader européen des tests rapides. 15 000 tests seront produits dans ce cadre. Une présérie de 300 à 500 tests devrait disponible d’ici la fin du mois d’octobre pour permettre la validation clinique sur le terrain.
Pensé dès la mi-août 2014, compte tenu de la situation en Afrique de l’Ouest, le développement opérationnel de ce test a pu être réalisé en deux mois grâce au résultat des recherches menées depuis plusieurs années par le CEA dans le cadre du programme interministériel R&D NRBC-E, mis en place par le ministère de la Défense et le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) en 2005.
Un test rapide basé sur des antigènes viraux
Alors que les tests actuels, basés sur la détection génétique du virus, sont très sensibles, mais nécessitent des appareillages dédiés, doivent être réalisés en laboratoire et durent 2h15 à 2h30, le test rapide a pour intérêt un premier diagnostic de patients au plus près des populations touchées. Il a vocation à faciliter la chaîne logistique et décisionnelle nécessaire à l’orientation des personnes sur le terrain.
Ce test immunologique ne détecte pas des anticorps spécifiques produits par les personnes infectées car les malades ne développent que très tardivement des anticorps, a indiqué le CEA dans un communiqué distribué lors de la conférence de presse de l’Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé). Les anticorps sont détectables souvent en faibles quantités et uniquement chez les personnes convalescentes. Ce sont donc des antigènes viraux de la souche Zaïre qui seront détectés.
D’autres recherches sont en cours. Une autre équipe, conduite par Sylvain Baize du Centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales à Lyon, travaille en collaboration avec l’Université d’Aix-Marseille et l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à la mise au point d'un test rapide lyophilisé qui différenciera l'infection par Ebola d'autres maladies hémorragiques endémiques dans les pays affectés. Le but de ces travaux est d'aboutir à un test largement accessible capable de diagnostiquer l'ensemble des filovirus.
Dans un communiqué, Aviesan rappelle que l’épidémie d’Ebola continue de s’étendre, en Afrique de l’Ouest en particulier. Selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), daté du 17 octobre, 9 216 cas d’Ebola ont été recensés et 4 555 personnes en sont décédées.
D’après la conférence de presse de l’Aviesan du 21 octobre 2014 et un communiqué du CEA