Un test simple pour dépister les cirrhoses du foie

Revue de presse

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Dans Le Figaro, Jean-Luc Nothias indique qu'un test de dépistage de la cirrhose, simple, fiable et non invasif devrait bientôt être commercialisé, afin d'éviter les biopsies hépatiques.

Par Steven DIAI, publié le 04 août 2014

Un test simple pour dépister les cirrhoses du foie

Le journaliste souligne que « trois années de travail auront été nécessaires à une équipe de chercheurs franco-chinois pour établir et valider leurs hypothèses de travail.» Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature.

Le point de départ est la constatation que le microbiote (ensemble des bactéries du tube digestif)de personnes atteintes de cirrhose est très différent de celui des personnes saines. En particulier, chez les malades, le microbiote présente une proportion importante de bactéries que l’on ne trouve normalement que dans la bouche. Dusko Ehrlich, directeur de recherche à l’Inra et co-auteur de ces travaux, explique dans son article que le dysfonctionnement du foie perturberait la production de bile (qui agit normalement comme une barrière entre les bactéries présentes dans la bouche et celles de l’intestin). La présence de bactéries orales dans l’intestin serait alors significative d’une faiblesse du foie.

Le test de dépistage

« Le test se fait à partir d’analyses sur les selles des patients », précise Dusko Ehrlich. « Il s’agit de rechercher la présence de sept espèces bactériennes. Cet outil diagnostic est très prometteur car il est non invasif et fiable à plus de 90 %.

Il ajoute : les résultats montrent qu’il existe une corrélation entre la proportion de ces bactéries buccales dans l’intestin et le degré d’insuffisance hépatique, et donc la sévérité de la maladie. Il serait ainsi possible non seulement d’identifier les personnes atteintes mais aussi de déterminer le stade d’avancement de la maladie. »

Le test, pas encore disponible dans les hôpitaux et cliniques permettrait l’obtention d’un résultat en quelques jours seulement, selon le chercheur. Si les médecins cliniciens utilisent des tests non invasifs déjà disponibles comme l’élastométrie (ultrasons) ou la fibrométrie (marqueurs biologiques sanguins), « tous les nouveaux tests non invasifs sont les bienvenus », estime Victor de Ledinghen, hépatologue au CHU de Bordeaux et secrétaire de l’Association française pour l’étude du foie.

La perspective d’une nouvelle approche

Pour l’auteur de l’article Nature, « ces travaux ont aussi d’autres intérêts ». Ils ouvrent en effet des pistes de recherche prometteuses qui devraient permettre de caractériser les fonctions exactes des bactéries prépondérantes dans les intestins des personnes atteintes de cirrhose. Ainsi, selon de premières observations, « certaines de ces bactéries surproduisent des molécules impliquées dans l’encéphalopathie hépatique, une des complications connues de la cirrhose du foie », observe le journaliste du Figaro. Parmi les pistes thérapeutiques envisagées, l’une consisterait à éliminer ou « désactiver » ces bactéries ; une autre serait de mieux comprendre les raisons du dysfonctionnement de la bile pour la «réactiver» afin d’éviter la migration de ces bactéries de la bouche à l’intestin.

« Nos travaux se placent dans la perspective d’une nouvelle approche de ces dysfonctionnements, insiste Dusko Ehrlich. On considère de plus en plus le microbiote intestinal comme un organe à part entière. Dans le cas de la cirrhose, il faut considérer que cet organe est dégradé. Il faut donc de manière globale le régénérer. On parle aujourd’hui d’une solution comme la transplantation de microbiote. Mais cela pourrait aussi être par une action ciblée sur les “mauvaises” bactéries pour permettre la restauration des différentes fonctions déficientes.»

D’après un article paru dans le Figaro

La rédaction